Dans le chapitre 1 nous avons présenté une approche générale de l'entreprise communicante. Nous avons rencontré les deux niveaux des relations des entreprises (interne et externe) auxquels nous avons associé deux espaces de relations : l'intra et l'inter-entreprises. Ensuite, nous avons définit l'entreprise communicante à partir de toutes les ressources utilisées. De nombreuses questions sont posées par cette nouvelle approche de l'entreprise dont deux sont essentielles : a) celle de la gestion optimale des ressources dépensées et b) celle de la stratégie qui permette d'accroître la communicabilité du système. Ces questions ne doivent être étudiées en raisonnant à partir de différents espaces de relations que nous avons définis dans le chapitre précédent. Dans ce chapitre nous essayons de les aborder en restant principalement au niveau des relations intra-entreprise.
Pour accroître la communicabilité intra-entreprise, il existe une panoplie des NTI. Comme nous notre but n'est pas de répertorier tout cela, nous avons choisi d'étudier un cas de figure qui est celui des réseaux locaux et, en particulier, sa gestion. Parmi les raisons qui poussent à faire ce choix, nous avons la place et le caractère fédérateur des réseaux locaux au sein de l'entreprise quelle qu'elle soit. Une autre raison est que les réseaux locaux nous placent au niveau des médias de communications et nous avons à faire à une logique physique. Ceci nous semble idéal pour construire un cas de gestion qui permette de mieux comprendre les enjeux des relations intra-entreprises pour leurs performances.
Le besoin de gérer (ou administrer) les réseaux locaux se développe à la suite du développement rapide de ces réseaux et de son impact dans les communications. L'expérience en la matière montre, en effet, deux choses essentielles : d'abord, l'installation d'un RL nécessite d'un investissement qu'il faut optimiser et rentabiliser (ce n'est plus un besoin à la mode) et, deuxièmement, il ne suffit pas d'installer un RL mais il faut surtout qu'il marche quand il est nécessaire afin de garantir un meilleur niveau de communicabilité. Or pour cela, l'administration d'un RL est un élément indispensable que personne ne peut ignorer.
L'étude est essentiellement axée autour du développement et de la définition des fonctions de gestion (par la suite administration) des réseaux. Ce choix permet de mieux comprendre la nature des enjeux liés à la gestion de l'espace interne : pilier fondamental pour la gestion de l'espace extérieur. Nous étudierons aussi quelques expériences vécues par les entreprises françaises en matière de réseaux. Ceci étant, nous ne développerons pas les aspects techniques des réseaux locaux et nous renvoyons le lecteur aux ouvrages spécialisés (Cf. ROL, 1990).
2.1 Les enjeux de l'administration de réseaux
Un réseau est un assemblage de composants qui doivent coopérer entre eux afin de réaliser des fonctions déterminées. Le réseau, en général, est un élément important dans le système de communications internes et, par complémentarité, externes des entreprises. C'est une véritable infrastructure par où circulent les informations. Les réseaux de communications peuvent être de plusieurs types : locaux, à longue distance, publics ou privés, appartenir à des grandes entreprises ou à des constructeurs informatiques. Les réseaux locaux (en anglais LAN) ont un rayon d'action limité dans l'espace géographique, contrairement aux réseaux à longue distance (en anglais WAN) qui, eux, ont une couverture national voire même international. Si les réseaux publics sont ouverts à tous les utilisateurs, en revanche, les réseaux privés sont des réseaux fermés aux seuls membres inscrits. En France, TRANSPAC (réseau de transmission de données par paquets) est un exemple de réseau public.
Les réseaux peuvent communiquer les uns avec les autres. Les réseaux privés peuvent utiliser les réseaux publics pour l'acheminement de communications. Ainsi, par exemple, les réseaux locaux intra-usines sont liés aux réseaux inter-usines (voir figure 1).
Nous allons étudier successivement la position du problème d'administration de réseaux et les fonctions d'administration qui surgissent comme réponse à ce problème.
2.1.1 La problématique de l'administration de réseaux
Au fur et à mesure que les réseaux se développent, il se posent de nombreux problèmes concernant sa gestion ou son management. Dans le domaine spécialisé des réseaux on parle cependant d'administration de réseaux qui a, de ce fait, une connotation équivalente à celle de gestion ou du management.
Le premier point important à traiter dans le cadre de l'administration de réseaux est alors la problématique de cette administration. Il s'agit de situer cette problématique en fonction des principes généraux de l'administration des réseaux. Mais cette problématique subit une certaine évolution au cours des années. En effet, au moment de l'apparition des RL, cette problématique était essentiellement liée à la supervision des réseaux. Lorsque les RL atteignent un certain seuil d'utilisation, des nouveaux besoins apparaissent et, en particulier, ceux de connaître et gérer les paramètres le plus important.
En effet, on s'aperçoit alors qu'il ne suffit pas d'installer un réseau et puis de le surveiller pourqu'il marche. Pour cela il faut connaître et contrôler certains éléments, non seulement pourqu'il puisse marcher correctement mais aussi afin d'obtenir des performances économiques. Ces objectifs ne sont réalisables que si l'on fait une bonne gestion du réseau. Cette gestion devient alors un atout maître pour la réussite de la stratégie de réseaux de l'entreprise.
En particulier, l'administration de réseaux est en relation avec les points suivants :
- le réseau doit être en état de marche, c'est-à-dire qu'il puisse réaliser son débit normalement;
- la planification de son fonctionnement à court terme (par exemple, il faut bien connaître les débits afin d'être en mesure de réagir rapidement lorsque ceux-ci deviennent trop élevés) et à moyen terme (c'est très important pour la politique de développement du réseau);
- la connaissance des utilisateurs du réseau et la manière dont ils l'utilisent. Par exemple, cette connaissance est importante pour la facturation et la répartition de coûts entre les différentes unités utilisatrices d'un réseau dans une entreprise.
On peut ainsi observer ce qui est réellement utilisé en termes de ressources disponibles par les clients internes du réseau. Il s'agit d'une sorte de marketing interne qui n'est pas sans rapport avec la théorie de la clientélisation des postes de travail, théorie qui a été développé par les japonais, avec le succès que l'on connaît, et qui permet, entre autres, la mise en oeuvre de la stratégie dite du "juste à temps".
La problématique de l'administration des réseaux a des caractéristiques qui sont aussi liées très directement à sa technologie. Cette technologie détermine en quelque sorte des besoins qui sont très hétérogènes, liés du reste à l'ensemble de moyens de communications d'une entreprise. C'est ainsi qu'il est possible de déterminer deux types d'enjeux :
1) la gestion du fonctionnement du réseau et 2) la gestion des enjeux économiques au travers le temps réel de fonctionnement (il s'agit de maîtriser les coûts d'exploitation des réseaux).
Ainsi, par exemple, au niveau fonctionnel, il faut retrouver la définition des performances (voir si elles correspondent bien aux définitions et si elles ne correspondent pas, savoir pourquoi; enfin, isoler les causes des mauvaises performances); garantir la continuité (par exemple, au travers de la fonction de surveillance) et la sécurité du fonctionnement (fonction d'accès au réseau).
Au niveau économique il y a le problème de l'évaluation des RL. Ce problème comporte plusieurs volets, parmi lesquels, on peut signaler :
a) l'exploration des conséquences économiques: avoir une analyse de la tendance, anticiper les besoins à l'arrivée (avant que le réseau n'explose lorsqu'il est appelé à se développer très vite, il faut le maîtriser car cette explosion peut avoir des conséquences économiques très graves);
b) la valorisation de l'investissement: savoir justifier l'investissement initial dans le domaine des communications ainsi que son prolongement éventuel (nous verrons plus loin que l'une des questions cruciales de l'entreprise communicante est celle de la justification d'un investissement). Pour cela on peut se servir des outils de planification statistique qui peuvent permettre d'avoir des données concrètes au lieu de s'appuyer sur des simples estimations qui ont toujours des "epsilons" plus ou moins gênants à estimer correctement;
c) le fait de l'avoir une notion de gestion économique au sens de tracé de communications (avec définition des coûts d'utilisation à chaque stade). Il s'agit de gérer les réseaux d'entreprise au sein d'une entité de communications appropriée qui ait un budget et une définition des coûts ainsi que des fonctions de ruptures de coûts. Le fonctionnement doit être géré en situation réel comme s'il s'agissait d'un réseau public qui définit les coûts (à ce sujet nous verrons plus loin l'expérience d'un exploitant de réseaux publics). Il faut, par exemple, savoir reporter les coûts en fonction des réseaux pour les facturer à l'utilisateur (en faisant intervenir la notion de refacturation aux clients).
La gestion économique est très liée à la stratégie, un point capital dans la vie de l'entreprise communicante. Ainsi, au niveau stratégique il faut savoir à quoi les réseaux doivent répondre, à qui ils s'adressent. La liste suivante des utilisateurs potentiels des réseaux (qui n'est pas exhaustive) en est un exemple : utilisateurs visés en premier chef - responsables du fonctionnement des réseaux, l'administration de son exploitation qui définit les coûts et son évolution -, l'informatique et l'organisation en général, la direction générale de l'entreprise (où se trouve le centre décisionnel qui doit jeter les bases pour l'investissement futur à partir des données les plus concrètes possibles et non pas sur des simples estimations). C'est l'ensemble de l'entreprise qui est alors concerné.
Comme on le voit, il faut aller plus loin que la simple gestion immédiate de réseaux traditionnellement concentrée sur le travail de supervision. En fait, il s'agit d'une gestion au sens large qui comprend plusieurs aspects de la vie d'un réseau et s'insère dans la gestion de l'ensemble des moyens de communications quelque soit leur application. Ainsi, la maîtrise du système totale nécessite des éléments d'information aussi bien sur le premier niveau (modem, connexions) que sur les différentes couches intervenant dans la communication et leurs applicatifs. Ces informations techniques sont inséparables de son dual économique.
En outre les réseaux intra-entreprise doivent être conçus et gérés en fonction de relations avec son environnement. Il s'agit de lier étroitement l'intra et l'inter-entreprise. Dans ce cas il faut tenir compte de l'aspect passerelle réseau public, échange inter-entreprises et interaction réseau local privé au travers du réseau public. Si on utilise plusieurs réseaux totalement interconnectés, il faut mettre en oeuvre un certain nombre d'outils liés aux opérateurs du réseau public.
2.1.2 Les fonctions d'administration des réseaux
Mais il ne suffit pas de poser la problématique des réseaux, il faut encore avancer dans la recherche des solutions aux problèmes d'administration de réseaux. Or cette recherche doit tenir compte à la fois des conditions techniques et économiques. Ainsi, par exemple, la recherche de solutions aux problèmes de relations entre supervision et centralisation de l'information sur le réseau répond aux besoins hétérogènes qui sont très forts dans certains cas. Pour construire l'interface il faut chercher l'information qui intègre tous les moyens de communications et avoir une synthèse en utilisant pour cela les modèles de données fournis par l'observation du réseau.
L'administration de réseau peut ainsi atteindre des objectifs essentiels qui sont l'amélioration de la productivité et de la qualité de service destiné aux utilisateurs. La mission d'un système d'administration de réseau est de gérer et de contrôler les réseaux auxquels il est associé. Pour cela il faut que la base de données administratives contienne l'ensemble d'informations, collectées lors du fonctionnement du réseau, qui sont indispensables à la réalisation des fonctions d'administration du réseau. Cette question sera traitée plus amplement dans le chapitre sur la gestion globale.
L'administration de réseau a besoin d'une base de données administratives qui doit se construire à partir de l'existent. La démarche d'administration peut alors se décomposer en plusieurs étapes :
- collecter les informations d'état sur le comportement du système ;
- traiter les information (analyse, synthèse, décision);
- agir sur le système afin d'optimiser ses performances et garantir le comportement du système conforme aux objectifs fixés.
L'administration de réseau doit offrir des services qui permettent d'agir efficacement et à temps dans le court terme (exploitation et contrôle d'activités, réponse urgentes aux défaillances ..) ainsi qu'à moyen et à long terme (planification, développement, ...). En particulier sont importantes les fonctions de :
- gestion et suivi de paramètres de configuration dus système (évolution, ajout et retrait d'éléments)
- surveillance du bon fonctionnement (gestion d'incidents, tests, diagnostics, préventions, maintenance correctrice)
- contrôle de performances : mesures et estimations (temps de réponse, débit, taux d'utilisation)
- gestion de ressources (liaisons de télécommunications, matériels informatiques et de communication)
- gestion comptable (facturation, statistique d'utilisation, ventilation des coûts,...)
- journal de bord (cliché de fautes, comptes-rendus d'actions de défense, observations statistiques)
- protection de sécurité (contrôle d'accès au service, aux ressources du système, confidentialité)
- routage dans le cas de systèmes multi-réseaux.
Ces fonctions sont en rapport avec les besoins d'administration. Parmi ces besoins signalons : obtention de diagnostics (localisation, nature, cause du problème, actions à entreprendre); maintien de la qualité du service (performances, disponibilité, accessibilité); contrôle et supervision des coûts et optimisation des coûts de communication; langage de communication et de commande simple et d'utilisation facile; visualisation globale de l'état du système (trafic, seuils d'erreurs, charge d'un noeud, d'une ligne).
Les réseaux deviennent alors un peu comme le système nerveux de l'activité de l'entreprise : il faut garder la maîtrise de son installation, de son fonctionnement, de son développement, de sa maintenance et de son amélioration. Ces étapes de la gestion subissent naturellement des évolutions qu'il faut savoir gérer suivant la définition bien connue de maîtrise du changement et de la discontinuité (cf. chapitre 1).
2.2 La normalisation de l'administration des réseaux
L'aspect technique de l'administration des réseaux est lié à la normalisation mais les travaux de normalisation de réseaux ne sont pas encore stabilisés ce qui se traduit en termes d'administration par un certaine flou (voir ECO, 1989). Ainsi, il n'est pas facile de différentier (comme nous l'avons dit au paragraphe 2.1) administration de réseau, gestion de réseau, management de réseau etc...ce qui se répercute sur l'étude de l'aspect économique du réseau.
2.2.1 L'hétérogénéité des réseaux et la normalisation
Il est important de remarquer que du point de vue technique, les outils d'administration des réseaux ( logiciels et les matériels), peuvent être
-soit intégrés au réseau (approche dit du flux principal ou main stream). Dans ce cas deux flux circulent dans le réseau : les données de l'utilisateur et celles propres à l'administration. Un logiciel est chargé de la séparation des informations concernant chacun de ces flux;
-soit externes et indépendants du réseau (approche dit du flux parallèle ou side stream). Dans ce cas il faut un réseau parallèle pour véhiculer le flux d'information concernant l'administration.
Afin d'optimiser globalement les coûts d'exploitation (respectant bien entendu le cahier de charges de la qualité de service), les moyens d'administration sont soit centralisés soit décentralisés à travers le réseau, ce qui n'empêche pas l'existence de solutions mixtes. Ainsi, par exemple, dans le réseau TRANSPAC les fonctions administration sont traitées à deux niveaux hiérarchiques différents : les centres de gestion au niveau national et les points de contrôle au niveau local.
On peut encore distinguer deux formes générales d'administration selon le caractère du système : homogène ou hétérogène. Dans le premier cas (administration d'un réseau homogène) les outils et services d'administration sont généralement proposés par les constructeurs informatiques dans leur offre d'architecture de réseau. Par exemple Netview est offert pour l'architecture SNA d'IBM, OpenView pour HP, etc...
Cependant les environnements de réseau hétérogènes (PABX, réseau local, réseau de micro-ordinateurs, ....) deviennent de plus en plus courants et il se pose alors le problème de les administrer. Mais administrer de tels réseaux est une tâche complexe qui demande la mise en application d'une structure d'administration globale capable de tenir compte des disparités des systèmes à administrer. Les constructeurs informatiques proposent aussi de solutions comme, par exemple, "Token Ring" dans un environnement d'administration d'architecture SNA d'IBM. "Token Ring" permet une administration locale du réseau de micro-ordinateurs et le dialogue avec le logiciel Netview qui se trouve localisée dans le site central augmentant ainsi les capacités de gestion du logiciel.
Afin d'illustrer la recherche sur la normalisation de l'administration de réseaux, nous prendrons l'exemple du système d'administration proposé par l'ISO pour une raison fondamentale : l'ISO est l'organisme de normalisation internationale et ses travaux, d'une part, recueillent les avis des intervenants publics ou privés les plus importants et, d'autre part, ils deviennent généralement de normes internationales et donc ouverts à tous. Pour expliquer les travaux de normalisation de l'administration des réseaux de l'ISO nous ferons un bref rappel du modèle OSI (Open Standard Interconnection, Norme ISO).
2.2.2 Le cas du modèle OSI
Le modèle OSI a été conçu pour mettre les couches de service au niveau le plus élevé, chaque couche additionnelle augmentant le niveau d'abstraction en partant du niveau physique (ordinateur). Le modèle compte sept couches numérotés de 1 à 7 et appelées: physique, lien ou liaison, réseau, transport, session, présentation et application (voir tableau 1).
Tableau 1 Les couches du modèle OSI
Une couche est définie par deux éléments:
- le protocole ou règle de dialogue entre entités communicantes, pour les préoccupations affectées à cette seule couche (communication horizontale);
- le service ou règles de dialogue entre la couche concernée et la couche adjacente supérieure sur une même entité (dialogue vertical)
Rappelons que les procédures du niveau N+1 s'échangent des unités d'information appelées (N+1)PDU (Protocol Data Unit) suivant les règles du protocole de ce niveau. En fait, ces échanges s'effectuent en utilisant les services de la couche inférieur. Pour cela les procédures du niveau N+1 et de niveau N d'un même site s'échangent des SDU (Service Data Unit) suivant les règles du service.
La couche physique: assure le transfert réel de l'information sur une voie de transmission. Elle transforme les bits en signaux qui se propagent jusqu'aux récepteurs qui les captent et les décodent afin de fournir la suite des bits au niveau supérieur (définition des signaux, voies de transmission, médias, raccordements de communications sur ces médias...).
La couche liaison permet le transfert fiable d'informations entre deux systèmes directement connectés. Elle se décompose en deux sous-couches:
- la sous-couche d'accès à la voie réalise le partage de la voie de transmission entre différentes stations. La méthode d'accès à la voie détermine le comportement du réseau (délai d'acheminement, robustesse, souplesse de reconfiguration). Cette méthode n'est pas complètement indépendante du niveau inférieur.
- la sous-couche liaison logique qui détecte les erreurs de la couche physique (contrôle et correction d'erreurs dans les trames échangées, gestion de liaisons logiques entre entités physiquement connectées). On distingue deux modes de fonctionnement depuis cette couche et jusqu'à la couche application: le mode connecté (un échange des PDUS de service intialise et termine les échanges utiles) et le mode non connecté (les échanges utiles ont lieu directement).
La couche réseau est chargée de l'acheminement des informations vers le destinataire. Cela est important lorsque l'émetteur et le récepteur ne sont pas directement interconnectés (cas, par exemple des réseaux maillés à longue distance). Dans le cas des réseaux locaux, elle est utile pour son interconnexion, en rendant transparente la position exacte des communicateurs vis-à-vis des couches supérieures (fonction de dressage).
La couche transport se situe entre le monde des transmissions (couches inférieurs) et le monde des traitements (couches supérieures- 5, 6 et 7- ). et assure le transport de bout en bout entre les communicateurs distants en adaptant les services offerts par la couche réseau (par exemple, la segmentation de messages en paquets) et en délivrant les informations dans l'ordre, sans perte ni duplication. Le service de la couche transport est choisi en précisant le délai d'établissement de la connexion, la probabilité d'échec, le débit souhaité, le temps de traversé, la probabilité de panne et le taux d'erreur.
La couche session est la première des trois couches liées aux applications réparties. Cette couche organise et synchronise les échanges entre les utilisateurs et non plus entre les parties du réseau physique. Il s'agit de l'intervalle pendant lequel les utilisateurs sont en communication. Le dialogue est géré en attribuant des droits d'émission et de reprise.
La couche présentation s'occupe de la représentation des informations que des entités d'application se communiquent, ou auxquels elles se réfèrent au cours de leur dialogue. Les services de la couche présentation doivent rendre valables les fonctions de la couche session à l'usager du service présentation sans changer le format.
La fonction principale de la présentation est de réaliser une simple transformation de syntaxe comme, par exemple, une translation de caractère d'un ensemble de caractères à un autre, ou la compression/ décompression des données. Pour ce faire cette couche doit être pleine et comprendre la syntaxe abstraite utilisée dans la couche d'application pour une connexion donnée. Cette dernière est donc responsable de l'indentification de la syntaxe abstraite.
Finalement, les services de la couche application sont liés aux domaines d'utilisation des réseaux: messagerie simple, transfert de fichiers, soumission de travaux, messagerie industrielle (ensemble de services de nature différente). Cependant, les applications sont généralement classées en deux grandes catégories: celles utilisant un mode connecté et celles utilisant un mode non connecté.
2.2.3 Solution ISO pour l'administration de réseaux
Il est important de connaître les travaux de normalisation de l'ISO car les constructeurs participent à son élaboration et aussi s'inspirent de lui dans la création de leur produits. L'ISO propose un ensemble des modèles qui doivent servir de base à l'administration de réseau:
- le modèle architectural, des services et protocoles d'administration
- le modèle fonctionnel
- le modèle organisationnel
- le modèle informationnel
Ces modèle définissent une série de notions dont les spécifications sont applicables actuellement aux seules communications en mode connecté point à point.
Les activités d'administration du modèle architectural sont réalisées par des processus d'application SMAP (System Management Application Process) qui résident dans la couche sept des différentes stations du réseau et qui coopèrent à l'administration par des protocoles de niveau application. L'ISO défini une hiérarchie en distinguant un responsable qui demande à exécuter certaines opérations et des agents qui sont tenus de répondre à cette demande.
Les actions d'administration sont effectuées par les éléments suivants :
- administration de système SM (System Management). C'est l'ensemble des activités assurant la supervision, le contrôle et la coordination des divers objets administrés d'un système OSI lorsque ces objets appartiennent à plusieurs couches, SM est le seul moyen de les administrer. Localement, lorsqu'il y a d'autres systèmes les administrations travaillent conjointement. Des entités administratives SMAE (System Management Applications Entity) offrent des services de communications aux applications. SMAE garantit la gestion de l'ensemble des couches d'un système et peut établir des connexions avec d'autres entités du réseau par l'intermédiaire des protocoles CMIP ( Common Management Information Protocol) et MAP (Management Appplication Protocol).
- l'administration de couche N-LM (N-Layer Management) qui assure le fonctionnement correct des protocoles et la gestion des ressources de la couche N sur plusieurs instances de communications. Les entités administratives de couche N-LME (N-LM entity) maintiennent les mécanismes pour la supervision, le contrôle et la coordination des objets administratifs qui servent à réaliser les communications de la couche N.
- les entités opérateurs de couche N-LE (N-Layer entity) fournissent aux entités administratives de couche les outils et mécanismes de supervision, de contrôle et de coordination des éléments d'administration liés à la couche.
Voir figure 2 sur les actions d'administration proposées par l'ISO.
Toutes ces entités disposent d'entrées dans la base de données administratives du réseau.
Les services d'administration peuvent être rangés en deux catégories :
- les services spécifiques SMAE (Specific Management Application Service Element) correspondant à une fonction particulière. Ils sont liés au modèle fonctionnel et sont indépendants mais ils peuvent nécessiter de services communs, par exemple, dans le cas de la remontée des informations des couches inférieures.
- le service commun CMISE (Common Management Information Service Element) qui définit un ensemble d'éléments de service de communications et qui correspond aux fonctions fondamentales nécessaires à la mise en oeuvre d'un service d'administration de réseau.
On distingue aussi deux types de protocoles d'administration :
- le protocole d'administration commun CMIP (Common Management Information Protocol) pour satisfaire un service commun. Il permet de dialoguer aux entités éloignées. Au niveau de la couche application CMIP fait appel à des fonctions pour établir ou libérer la connexion entre deux entités administratives. Ce sont les fonctions ACSE (Association Control Service Element).
- le protocole d'application d'administration MAP (Management Application Protocol) qui définit le format des informations d'administration échangées entre entités administratives.
Le modèle fonctionnel définit les domaines fonctionnels d'administration et leurs relations. Cinq fonctions spécifiques SMFA (Specific Management Function Area) répondent aux exigences d'administration de réseau :
- la gestion d'anomalies (Fault management) qui met en oeuvre des fonctions permettant la détection, la localisation et la correction des défaillances dans le système OSI
- la gestion de la comptabilité (Accounting Management) qui met en oeuvre des fonctions permettant d'établir les charges et d'identifier les coûts d'utilisation des ressources
- la gestion de configuration (Configuration and Name Management) qui correspond aux fonctions telles que démarrer, recueillir des informations; modifier la configuration; etc..
- la gestion et le contrôle des performances (Performance Management) qui permet de prélever des informations sur le système afin d'évaluer le comportement, d'effectuer des calculs statistiques, de maintenir et d'éditer des tableaux de bord...
- la gestion de la sécurité (Security Management ) qui offre des fonctions telles que l'authentification, le contrôle et le maintient des autorisations d'accès, de gestion des clés, etc ....
Les modèle organisationnel décrit la façon dont l'administration d'un système OSI peut être distribuée à travers les différents domaines d'administration et les systèmes associés.
Enfin, le modèle informationnel définit les objets administrés, leurs relations, leurs attributs, leurs actions leurs classes et leur nom. Le modèle spécifie la base de données MIB (Management Information Base) contenant toutes les informations sur les objets administrés. Sa normalisation concerne seulement les informations administratives et pas l'organisation et la structure.
Dans la BD toute information a une liste d'attributs dont la valeur permet de faire la distinction entre les différentes entrées dans la base de données. Ces dernières sont structurées selon une arborescence hiérarchique dans un arbre d'informations administratives MIT (Management Information Tree)
La figure 3 montre le modèle informationnel proposé par l'ISO
2.3 Quelques expériences d'administration de réseaux
Dans les paragraphes précédents nous avons présenté la problématique et les enjeux de l'administration de réseaux ainsi que les recherches concernant la normalisation de cette administration. Dans ce paragraphe, nous allons présenter quelques expériences concrètes d'administration de réseaux. Ces expériences ont lieu dans des entreprises très différentes par la taille, la nature des ses activités et le positionnement par rapport aux réseaux. Les raisons qui les poussent à se munir des réseaux son très liées à la nature de ses activités, à l'architecture de sa production ou à sa géographie économique. Ces expériences illustrent, à leur manière, certains enjeux liés à l'administration de réseaux et servent à mieux voir comment ces réseaux doivent être observés d'un point de vue à la fois technique et économique.
Trois cas concernent des entreprises s'équipant en RL; un cas concerne un exploitant de réseau. Ce dernier exemple est utile de le signaler lorsque la diffusion des RL oblige les entreprise à réaliser en quelque sorte des fonctions de gestion qui étaient jusqu'alors réservées aux seuls exploitants de réseaux. A l'inverse, cette diffusion des fonctions jusqu'à là réservées oblige l'exploitant à créer une offre plus active.
2.3.1 La société A
La société A est une société spécialisé dans la gestion du travail intérimaire. Il s'agit d'une société qui a plusieurs milliers d'agents qui servent de centaines de milliers de clients repartis dans le monde. Pour cette société le marché français représente un tiers de son chiffre d'affaires avec plusieurs centaines d'agents réparties dans un maillage national qui compte autour de 450 agences qui doivent être capables de gérer 40 000 emplois intérimaires. Les agences avec 3/4 personnes sont la base de ce système. Chaque agence doit être en relation avec ses clients.
La structure informatique de cette société est en forme d'étoile avec un ordinateur central IBM et 1500 terminaux qui peuvent réaliser une messagerie électronique en application locale (voir figure 4). Pour cette société le réseau de communication est un élément essentiel de son activité car celui-ci permet de faire marcher son réseau commercial. C'est le véritable fer de lance de son stratégie commerciale. Pour réaliser cela il faut donc définir et appliquer une politique d'information tous azimuts qui, en particulier, comporte les étapes suivants :
1)la centralisation du traitement lourd de l'information à produire comme c'est le cas, par exemple, de la paye ou de la facturation,
2) la localisation du traitement dont le caractère correspond à une demande locale qui se fait normalement dans les agences sans avoir à subir la contrainte du système central (à des horaires qui débordent le temps réel), remontée de l'information, etc...
3) enfin, l'ouverture extérieure pour compléter le dispositif interne de communication afin de pouvoir relier la société avec leurs clients qui sont, en l'occurrence, très nombreux et répartis sur tout le territoire national.
Mais un réseau de communication pour être viable doit être fiable. Il s'agit donc d'avoir un réseau qui soit disponible pour les traitements envisagés. De cette manière, il doit pouvoir : a) assurer la rentabilité de l'investissement que la société a été obligé de consentir afin d'entrer dans le monde des NTI et b) servir à garder son niveau de compétitivité vis-à-vis de ses concurrents.
A quel type de problème doit s'attaquer le réseau local? L'expérience de la société A montre que ces problèmes dépendent de la nature de l'activité qu'elle réalise. En effet, le personnel des agences doit accueillir et organiser les demandes de travail intérimaire venant de la région. Il doit aussi faire les contrats et la facturation. Pour ce genre d'activité, il se pose presque naturellement la question de centraliser l'information sur les intérimaires qui existe déjà sous une forme de données locales dans les entreprises clients. C'est alors qui apparaît le besoin de faire appel à un RL qui apparaît comme un outil fédérateur dans la mesure où il peut assurer la cohérence globale du système de communication de la société; autrement dit, les réseaux locaux rendent l'entreprise plus communicante.
Quels choix a du réaliser la société A afin d'installer son réseau ? L'installation d'un RL se fait par étapes et plusieurs choix sont nécessaires mais nous ne retiendrons que celui du réseau national de transmission et celui du système d'exploitation afin de mieux comprendre la mise en place.
Le choix d'un réseau national pour la transmission de données s'est porté sur TRANSPAC en raison de sa fiabilité et de ses prix qui semblent assez compétitifs. Pour la gestion des réseaux locaux le choix porte sur de micro-ordinateurs de gestion. Le transfert de fichier est plus ou moins adapté aux grands flux et en interface ouverte.
La solution du réseau local connecté relie le site central (où sont stockées toutes les informations concernant les intérimaires et les clients) avec un système d'exploitation OS/2. Cette solution est cohérente avec l'informatique qui est déjà dans un monde IBM. L'agence reliée au réseau local se connecte au site central par l'intermédiaire d'une carte à icône mais seulement le réseau local est responsable de partager les ressources typiques des Agences au niveau local, ce qui leur laisse une marge de manoeuvre intéressante.
Mais une expérience de cette nature ne se passe pas sans difficultés, ne serait-ce qu'en raison de la nouveauté de l'outil et du manque d'expérience, normale dans ces cas. Parmi les difficultés apparues, il faut signaler :
la régulation des télécommunications car il y a l'intervention à distance de la fonction d'agence prioritaire;
-la participation de beaucoup d'intervenants (en particulier la micro-informatique, les télécommunications, le site central, l'assistance aux utilisateurs, les procédures instantanées, la technicité) qu'il faut donc gérer au mieux et avec les moyens de bord afin d'éviter de contretemps;
-les besoins de formation et de coordination : information, formation, culture du changement, applicatif faibles et, enfin, les problèmes d'études micro et de nouvelles frontières qui s'établissent pour chacun.
- la formation qui consistait en quelques rappels plus de connaissances d'informatique afin que les agents puissent comprendre le nouveau système
- la fiabilité afin d'assurer la sauvegarde des données, il faut une nouvelle culture.
- la confidentialité des données qui permet avoir confiance dans le système.
- le besoin de coordination et d'information permanentes.
Surmonter ces difficultés a été l'une des conditions du succès de l'expérience engagée par la société A. Dans le futur la société ouvrira son système vers l'extérieur lorsque le problème de la confidentialité sera résolu. Cela permettra de dialogues ouverts entre clients et agences et permettra d'accélérer les procédures de traitements de dossiers. La communicabilité de l'entreprise s'accroît en interne et en externe.
2.3.2 La société B
il s'agit d'une société de distribution dans un secteur clé de l'économie et qui a donc des agences réparties à travers tout le territoire nationale. La société dispose d'une informatique traditionnelle caractérisée par un parc micro-informatique hétérogène non connecté (voir figure 5), ce qui conduit à la nécessité de trouver un outil qui soit à la fois une solution globale de connexion (de cohérence) et capable de remonter l'information en la mettant à disposition des utilisateurs dans les meilleurs conditions et délais.
Quelle stratégie a suivi cette société ?
La stratégie suivie par B commence par identifier les besoins. Les principaux besoins identifiés sont :
- le partage de ressources au niveau départemental (application, micro, imprimantes, logiciels bureautiques)
- l'accès aux ressources de sites centraux (IBM)
- l'accès à d'autres ressources aussi bien en local qu'en externe
Pour y parvenir la société applique une sorte de normalisation en termes de poste de travail, de structure d'accueil et de logiciels utilisés. Il s'agit de faire en sorte que l'application normalisée garantisse l'accès aux ressources aux utilisateurs potentiels, dans des bonnes conditions, aussi bien en termes de poste de travail, d'infrastructure d'accueil physique et logique que de logiciel d'utilisation. Ainsi, par exemple, la structure d'accueil du réseau local devrait permettre à chaque poste de travail d'avoir accès aux ressources. Le problème est alors de trouver une structure capable de rendre optimales ces relations.
Sur le marché de réseaux la société B considère qu'il y a deux types offres qui lui conviennent : les structures Ethernet et Token Ring (offres qui correspondent à deux normes différentes). Comment choisir entre ces deux solutions? La société décide de ne pas faire un choix exclusif, car dès le départ il existe la volonté de séparer les flux d'information. Elle va donc chercher à mettre en place une informatique dédiée. Ceci se traduit par une préférence pour Ethernet en ce qui concerne les applications à caractère scientifique car il apparaît mieux adapté à ce type de travail et il a cumulé une expérience beaucoup plus important dans ce domaine. Mais pour la gestion et la communication, la société B pense plutôt au réseau type Token Ring (voir figure 6) car il paraît mieux adapté à ce type de travail en raison notamment de son intégration à l'environnement IBM.
Par exemple, la structure capillaire de Token Ring peut desservir un immeuble de plusieurs étages au travers le système d'anneaux opérationnels chacun ayant plusieurs structures de transport. Cela revient à avoir une structure à plusieurs niveaux. Les postes de travail sont reliés par un anneau fédérateur au niveau d'un même étage (voir figure 6). Puis ces anneaux sont reliés par un anneau fédérateur (niveau correspondant à un immeuble) qui peut utiliser des médias physiques comme la fibre optique capable de faire passer 7 mégabits/s avec une duplication de câblage destiné à garantir la sécurité. L'avantage de l'anneau d'interconnexion est que toutes les ressources sont accessibles. Cet anneau d'interconnexion peut être localisé en salle de télécommunications.
Afin de concevoir le réseau de l'entreprise en interconnexion au delà d'un immeuble (il s'agit d'une entreprise "constellée" avec des usines, des petits bureaux, etc..), la société B réfléchit sur deux types d'éléments : la topologie et la technique.
- la topologie tient compte des fonctions d'organisation de l'entreprise et de la hiérarchie. Il s'agit d'avoir une vision précise des moyens globaux ainsi que de la société par site, par bâtiments, par zone d'utilisation ce qui contribue à optimiser la gestion.
- la technique permet de réfléchir aux terminaux réseaux comme SNA, à la gestion des tâches, au transport d'images.
Ce réseau permet d'obtenir trois gains à la société B : la croissance de la performance, réduction des coûts (exploitation plus investissement) et une meilleure utilisation des ressources humaines. La fiabilité du réseau est liée au technique (être en état de marche et en mesure de suivre les cadences) et à l'économique (coûts humains, par exemple).
Par ailleurs, cette expérience montre aussi que le travail de gestion doit essayer d'obtenir un bon taux de service, une immunité aux bruits, des coûts exploitation raisonnables et gérer les modifications de l'organisation (organisation du travail, postes de travail, services, scénarios avec réseau nouveaux, etc ).
Finalement, la société B gère les éventuels conflits entre droit d'accès au réseau et hiérarchie en s'appuyant sur sa propre expérience passée. Lorsque les directions avaient déjà une expérience de réseau ancienne, comme c'est le cas de la direction financière, il ne se pose pas de problème lorsqu'on lui confier la gestion du réseau. Mais lorsque la direction n'a pas d'expérience, c'est un représentant direct de l'informatique qui peut venir pour aider à la gestion. Quelque soit le cas, il faut rester souple, afin de profiter des compétences de chacun.
2.3.3 Société C
Il s'agit d'une société ayant une activité à très haute technicité et nécessitant, de ce fait, un fort investissement de matière grise. La société se trouve géographiquement localisée dans l'une des régions les plus tertiaires de la France (il n'y a pas donc de couverture nationale). Cette société emploie alors une forte proportion de cadres d'information (société de matière grise) qui a besoin d'un outil de communication qui soit à la fois très intégré et performant. De par la nature de leur travail ces utilisateurs sont alors très exigeants en ce qui concerne la disponibilité et la qualité de service de cet outil de communication.
Le système information de la société C présente les caractéristiques suivantes :
a) il existe des moyens d'information très divers et il y a une tendance à la répartition de l'informatique même si elle est homogène type IBM; tendance forte type PC
b) il y une diversité informatique en raison de la diversité de laboratoires (équipement de très haute technologie, laboratoire de micro-électronique, bureau d'études mécaniques, activités diverses..), les produits informatiques tournent sur des environnements différents et ont besoin de support matériel et logiciel différents,
c) une information très diverse, le système d'information repose sur un squelette et, finalement, sur un simple réseau.
Ces caractéristiques du système exigent une gestion serrée du réseau. Par exemple, cela veut dire que le réseau intra-entreprise (pour rendre plus productifs les outils de production) ne doit pas avoir de faille. La société C ne peut pas se permettre un réseau défaillant. Se munir d'une administration de réseaux qui soit la plus performante possible devient alors un besoin essentiel dans l'activité de cette société. Soulignons que le problème de l'inter-entreprise est de même nature mais un peu plus complexe (nous ne l'abordons pas).
Que doit donc faire l'administrateur du réseau dans cette société ? L'expérience de la société C montre que l'administrateur du réseau doit faire deux choses principales, à savoir gérer et diriger.
a) gérer une configuration, les changements, les problèmes de ports, la sécurité, la comptabilité
b) diriger le démarrage en ressources, l'arrêt, l'héritage, la réparation, le fonctionnement ayant lieu dans un environnement qui soit le plus confortable possible.
Les objectifs de la gestion sont donc d'avoir un réseau qui marche; qui soit plus disponible, plus souple, plus flexible, qui utilise au mieux les personnes. Par ailleurs il faut qu'il y ait une maîtrise de coûts, cela veut dire utiliser au mieux les personnes. C'est l'organisation du travail qui est remise en question : la société doit alors apprendre à organiser le travail avec un réseau comme objectif principal.
Pour avancer dans cette direction, il a été faite d'abord une première expérimentation et, puis, ont été analysée les retombées de cette expérimentation (on voit ainsi ce que l'on améliore). Puis la dimension active du réseau doit rester dans le système propriétaire (c'est-à-dire, celle des utilisateurs). En effet, le réseau est un outil dans la stratégie interne de l'entreprise mais aussi un outil de travail des utilisateurs,. Plus généralement, cela pourrait s'appeler une solution par une approche objet qui se généralise un peu partout. La société C ne voit pas d'autre solution que celle-ci. Mais cette approche ne sera pas gratuite en ressources. Il faut souligner que l'approche objet va dans le sens de la normalisation mais c'est à long terme.
Tableau 2 Etapes pour une stratégie possible.
La question de la stratégie suivie est importante. L'expérience de la société C montre que les points suivants sont à considérer :
a) une approche pragmatique que favorise le compromis, l'assainissement et l'organisation. L'environnement géographique est favorable dans la mesure où il est limité à une seule région ce qui permet d'utiliser une infrastructure des télécommunications performante à des coûts raisonnables pour des débits importants (par exemple une structure Ethernet). L'assainissement de l'environnement comprend la climatisation, l'électricité, etc., et il s'agit de supprimer les ennuis (un déménagement peut être nuisible). Il faut avoir une seule équipe responsable qui ait un engagement efficace.
b) une démarche décelant les priorités afin de discerner les choses que sont plus fondamentales et pouvoir ainsi savoir discerner les coûts d'étude et l'importance des choix à faire. Par exemple, on peut choisir la structure Netview mais il ne faut pas perdre de l'énergie à raccrocher ce qui est hétérogène et il ne faut pas se disperser pour essayer de tout raccrocher. Il ne faut pas faire trop d'investissement dans un domaine qui bouge trop. Dans ces conditions il vaut mieux définir une stratégie pas à pas plutôt que vouloir tout faire par tout et tout de suite.
c) s'il n'est pas possible d'intégrer toutes les administrations, il faut les ordonner. En effet, l'ensemble des administrations n'est pas intégré si les réseau est trop hétérogène. Dans ce cas, on peut, par exemple, les ordonner en trois niveaux : a) la vision la plus globale possible du système d'information et configuration à changer; b) l'administration majeure ( Netview- monde IBM- et Ethernet, Télécom) ; c) l'administration mineure (se trouve sur LAN., enfin, les équipes distinctes au niveau physique). Dans tous les cas, il faut faire attention au manque de liaison entre ces niveaux : il ne faut pas qu'ils soient cloisonnés. Il faut penser, par exemple, aux passerelles entre amélioration des systèmes de saisies et management des bases de données.
d) la démarche isolée par petit bout doit être évitée mais aussi un développement trop spécifique. Il faut procéder par priorités.
e) il ne faut pas être puriste et vouloir faire des choses chères pour des résultats qui ne sont pas garantis. Un développement trop poussé peut se trouver démodé par l'évolution et on ne pourra pas revenir à cause des investissements engagés.
L'introduction même d'un réseau est une expérience active qui éveille un intérêt lentement et qui est difficile à gérer. D'où un autre problème qui se pose à la société C : la question des coûts à supporter pour réussir l'implantation du réseau. Comment aborder les coûts d'administration ? Parmi les questions liées aux coûts, on peut retenir l'importance relative des coûts d'administration, c'est-à-dire qui doivent être abordables (ce que l'on veut faire doit coûter moins cher que ce que l'on fait déjà); la pérennité de choses en matière de réseaux qui rend un investissement caduque avant l'heure; la disparition ou la réduction de la dualité entre le physique et le logique; la suppression de l'administration physique par le dominance du logique; la disparition de la dualité des systèmes de l'administration des réseaux et de l'administration des systèmes globaux au profit du seul réseau.
Toutes ces questions doivent être étudiées attentivement et doivent recevoir des solutions réfléchies en fonction de la stratégie de l'entreprise. Dans ce contexte, un autre problème important, très lié au précédent, est l'économique. Par exemple, il faut absolument réfléchir l'administration des réseaux en termes de facturation (cf. 2.1). La société C augmente la communicabilité grâce aux RL.
2.3.4 La société D
Il s'agit d'un exploitant de réseau. L'expérience d'un exploitant de réseau est quelque chose de très important pour les entreprises qui essaient l'implantation des NTI. En effet, il se produit un phénomène à double signification en matière de communications : d'une part, les exploitants traditionnels sont de plus en plus sollicités par l'évolution de la demande sur le marché et, d'autre part, beaucoup d'éléments qui paraissaient être réserves au domaine de l'exploitant sont désormais à la disposition des entreprises consommatrices. D'où l'intérêt, dans le cas précis de l'administration de réseaux, de connaître comment un exploitant gère les réseaux de communications.
Par exemple, ce que l'on appelle administration de réseaux, l'exploitant public le fait déjà depuis bien longtemps. Cela s'appelle gestion et exploitation de réseaux. Mais il le fait dans une optique beaucoup plus large : il tient compte de l'ensemble des besoins d'information, de la Bureautique, des télécommunications, de la voie, de moyens les plus divers.
L'entreprise communicante doit donc se pencher sur cette expérience qui doit le servir dans la recherche de la gestion optimale de son propre système. En effet, le développement des NTI exige des entreprises des connaissances et des compétences nouvelles, beaucoup d'entre elles étant maîtrisées par l'exploitant qui doivent être exercés de la manière la plus performante. Lorsque les entreprises installent des réseaux de communications, elles doivent s'emparer en quelque sorte des connaissances et des compétences jusqu'alors réservées au seul exploitant. Exploiter un réseau ou négocier l'exploitation avec des tiers est alors un défi pour les entreprises. Cette une nouvelle fonction qu'il ne faut certes pas confondre avec son activité principale qui, elle, sera tributaire de la bonne ou mauvaise exploitation du réseau.
Ainsi, si auparavant l'offreur du service devait fournir une prestation d'ensemble, aujourd'hui deux changements importants sont apparus :
a) la demande de services augmente rapidement étant accentuée par l'arrivée des NTI, ce qui provoque une synergie très forte entre les partenaires les plus divers, et
b) les réseaux de communications représentent un élément essentiel pour que les entreprises puissent rester compétitives.
Mais une condition s'impose à tous ces partenaires : il faut apprendre à faire fonctionner et à gérer ces réseaux.
Quelle connaissance peut-on retenir de l'expérience d'administration de réseaux, aussi vaste que riche, d'un exploitant de réseaux ? Nous essayerons de répondre au moyen de quelques idées simples.
Tout d'abord, l'approche administration de réseau peut se faire suivant plusieurs niveaux qui vont de l'exploitation et la gestion du réseau aux niveaux commerciaux destinés à améliorer la structure interne du réseau public et à faciliter la localisation et le traitement des incidences que doit supporter le client. Or l'expérience de la société D montre qu'un exploitant et gestionnaire de réseau se trouve tôt ou tard confronté à un ensemble de besoins de communications : informatique, Bureautique, communication vocale, téléphone, applications différents. Même si tous ces besoins exigent des solutions différentes, il faut toujours avoir à l'esprit une optique globale d'approche des solutions envisagées (nous reviendrons sur cette question dans le chapitre 4).
Au niveau de l'organisation l'expérience de l'exploitant montre qu'il faut définir un schéma directeur de l'information dans l'entreprise, faire une description de l'information nécessaire et, enfin, définir les axes de développement afin de permettre une correspondance avec les autres niveaux d'offres d'administration des réseaux. Selon son expérience, il apparaît la nécessité de passer de la supervision classique des réseaux à l'interactivité dans la gestion. Or une condition essentielle pour passer de l'une à l'autre est l'installation des réseaux par un ensemble de partenaires-utilisateurs de ceux-ci et qui soient naturellement en relation avec l'exploitant.
Mais avant d'avoir l'interactivité complète, il faut passer par l'étape de la supervision. Les grandes entreprises sont les premières à passer à cette étape de l'interactivité car elles sont les premières à s'équiper en NTI. Cependant, les choix faits dépendent aussi de la nature de l'entreprise. Ainsi, par exemple, dans une très grande entreprise tertiaire les activités de transmission de données représentent 50 % de l'ensemble des activités de communication, soit la même proportion que le téléphone. Or dans une entreprise peu tertiaire le téléphone occupe un pourcentage beaucoup plus important que la transmission de données.
Le passage à l'interactivité entraîne un besoin de recentrer les fonctions principales pour un exploitant des réseaux. Il apparaît ainsi le besoin de fournir des "produits intégrateurs" (une espèce de tour de contrôle). Dans cette interactivité entre entreprises et exploitants de réseaux, des nouvelles relations de réciprocité vont apparaître.
Comme en amont les besoins de communications augmentent progressivement, l'entreprise peut faire l'exploitation du réseau par ses propres soins ou la donner à des tiers. L'exploitant doit donc avoir une offre de produits qui soit capable de porter la meilleure technologie aux besoins des entreprises. Dans d'autres mots, faire une offre sur mesure est déjà faire de l'administration de réseau. Ainsi on doit s'attendre à une offre de conseil en ingénierie en fonction de la demande du client et à une offre de création d'un centre de support-client qui peut être doublé par un centre de supervision de clients.
D'autres problèmes sont à signaler parmi lesquels les rapports entre :
- organisation production et organisation géographique
- administration systèmes et administration réseau
- administration éclatée au sens verticale et horizontale
- administration et automatisation de la gestion.
Tous ces problèmes demandent une réflexion et, certains d'entre eux, des choix à faire mais le défi majeure pour l'entreprise ce sont l'organisation, l'architecture et les méthodes de travail car autour des réseaux locaux c'est tout le problème de la distribution de l'information dans l'entreprise qui est concerné. Cela est un fait qui ne connaît malheureusement pas de précédent dans l'histoire des communications internes (et externes) des entreprises.
Quelques idées dégagées de l'expérience.
Une première observation peut être faite. Les expériences précédentes montent qu'il existe un certain nombre de résistances au développement technologique parmi lesquels on peut signaler :
a) la fiabilité technologique des produits (l'annonce n'est pas toujours conforme à la réalité)
b) le manque de maîtrise pour la mise en oeuvre du réseau local (c'est un frein)
c) les différences entre organisations qui se reflètent dans la façon dont les gens travaillent (calquer le réseau local sur le mode d'organisation de l'entreprise n'aide pas forcément à que celui-ci remplisse sa fonction)
d) l'environnement d'application reste faible encore, ce qui demande la recherche des solutions.
Une autre observation concerne le comportement des entreprises vis-à-vis de l'équipement en réseau local. Sur ce point on peut dire qu'il y a deux catégories d'entreprises :
a) les volontaristes pour lesquelles le réseau local serait la clé du développement de l'information interne. Il y a ici un schéma directeur intégrateur. Le réseau local est alors dans un réseau étendu d'ensemble avec les ressources information de l'entreprise.
b) les entreprises en atteinte d'une expérience pilote qui les permettra d'évaluer en grandeur nature la possibilité de se connecter. Il manque encore une réflexion plus approfondie sur la connexion du réseau local aux autres grands outils.
En ce qui concerne l'utilisation des réseaux locaux dans les entreprises, on peut signaler qu'elle se fait principalement dans deux domaines : a) l'environnement scientifique et technologique (traducteur CAO, DAO, etc.. où l'on assiste à une véritable explosion), et
b) le groupe de travail Bureautique avec le développement partagée des ressources, fichiers, périphériques, etc..
Concernant la démarche suivie par les entreprises, un certain nombre d'éléments sont à remarquer :
- l'identification des besoins d'information dérivés de la nature de l'activité réalisée par la société doit être soigneusement réalisée
- le réseau doit être considéré comme un moyen de production de l'information qu'il faut donc gérer le mieux possible
- les secteurs économiques les plus divers sont concernés par l'implantation de réseaux et les problèmes d'administration ne sont donc pas exclusifs à un secteur particulier
- la description du système informatique (et d'information plus généralement) existant sur place est un nécessité préalable à toute démarche d'installation des réseaux. En particulier, il faut faire attention aux problèmes du partage de ressources (application, micro, imprimantes, logiciels) et des moyens d'accession aux ressources
- le choix du réseau et l'architecture de la solution à mettre en place doivent s'opérer en étudiant attentivement non seulement les systèmes internes et externes mais aussi l'offre des systèmes existant sur le marché
- la gestion du réseau est fonction de sa complexité, sa centralisation, sa répartition entre sites, ses applications, sa configuration, l'état de développement actuel (démarrage, etc...)
- une stratégie à suivre peut se résumer ainsi : pragmatisme, détermination des priorités, intégration des administrations et organisation. Cette stratégie doit tenir compte du rythme de développement et s'insérer dans une démarche globale
- enfin, il faut établir clairement un bilan de coûts à supporter par l'organisation.
On voit donc que le RL répond à une problématique de communication intra-entreprise. Or les solutions apportées par le RL nécessitent d'une gestion serrée qui permette l'optimisation de l'ensemble d'éléments intervenant dans le système. C'est un moyen essentiel pour accroître leur efficacité. Mais cela revient à dire qu'il faut accroître le niveau de communicabilité intra-entreprise, en un mot, la rendre de plus en plus communicante.
Les développements précédents semblent le démontrer lorsque nous étudions le cas d'une seule technologie limité au domaine interne de l'entreprise et à la structure dite physique. Mais est-ce que cela est aussi vrai lorsque nous allons dans le domaine de la structure dite logique et vers le domaine de l'inter-entreprise ?