Introduction au post-humanisme

 

Pierre Berger

Pour le Club de l'Hypermonde. 13 janvier 2000

 

 

 

 

Document interne au Club. Ne pas diffuser

 

 

 

 

 

 

Résumés

 

En un mot : Le post-humanisme consiste à considérer positivement l’avènement d’êtres supérieurs aux humains tels qu’ils sont actuellement.

 

            

Teilhard de Chardin                     Scandale en Allemagne              Isaac Asimov

 

 

 

 

 

 

En quatre mots :

 

.1.  Un constat : les technologies, essentiellement l’informatique et le génie biologique, nous ont amenés au seuil d’un dépassement radical et assez rapide  de l’homme traditionnel.

 

.2.  Un engagement positif : cet avènement est globalement bon et nous devons y participer plutôt que nous y opposer.  Nous pouvons attendre des hommes de demain (les surhommes, les hyper-hommes, les post-humains…) un progrès par rapport à l’humanité actuelle.

 

.3.  Un appel à la vigilance. Des hommes ou des robots physiquement ou intellectuellement plus forts que les hommes actuels ne seront pas pour autant moralement meilleurs. Et en particulier pourraient avoir pour premier objectif d’éliminer les hommes actuels. Ces dangers doivent être prévenus.

 

.4.  Des stratégies à définir, voire une ingénierie. Malheureusement, les auteurs actuels employant le concept se limitent à des avertissements pessimistes ou des espoirs vagues. Les philosophes humanistes ignorent ou veulent ignorer les technologies, dont les promoteurs ne veulent eux-mêmes obéir qu'aux lois du marché.

 

Bien entendu, si le post-humanisme a raison, ce seront les post-humains eux-mêmes qui auront à nous relayer pour prendre les décisions, de même que chaque génération d'humains, qu'elle le veuille ou non, passe les rênes du pouvoir à la génération suivante. Mais nous avons au moins une responsabilité : former nos descendants.

 

Nous sommes des géants, ayons les épaules droites et fortes pour que les post-humains puissent gaillardement les chevaucher !

 

 

1. La nébuleuse du dépassement de l'homme

 

L'appellation post-humaniste ou l'évocation du post-humain restent encore assez rare. Elles ont trouvé leurs premières apparitions en France, me semble-t-il, à l'occasion du scandale soulevé par les déclarations du philosophe allemand Peter Sloterdijk (qui lui-même, à ma connaissance, n'emploie pas ces termes).

 

En surfant sur le web, on y trouve des documents variés :

 

- Lew Zipin (université de Wisconsin-Madison) y cherche une théorie pour comprendre les phénomènes de pouvoir collectif (cohesions of power, discursive coherence).

 

- Stelarc le met en scène comme une "performance" théâtrale délirante.

 

- Steinert-Threkheld, plus technique, citant les auteurs de SF (notamment Gibson et Sterling), y voit la fusion de l'homme et de la machine, dans une interaction purifiée.

 

- Mais le premier emploi explicite du terme, d'ailleurs bien détaillé et présenté, mais dans une optique plus "new age" que technique, revient probablement à Robert Pepperell, dans son livre "The Pos-Human Condition", publié en 1997.

 

 

Dès qu'on élargit un peu la recherche, il y a pléthore. Autour de l'übermensch (surhomme, sur-humanité) de Nietsche, par exemple, que l'on retrouve dans des environnements parfois inattendus,  par exemple

 

 

Drei Aufsätze von Schri Aurobindo

INHALT


Der Übermensch
Button
All-Wille und FreierWille
Button
Die Freude am Wirken

 

 

Pour moi, un des textes les plus importants est la conclusion du livre "I, Robot", d'Isaac Asimov (Signet, 1950), que je ne résiste pas au plaisir de traduire ici.  Ce dialogue est censé se passer en 2058, entre le Co-ordinateur mondial et Susanne Calvin, robopsychologue.

 

. Vous me dites, Suzanne, que l'Humanité n'est plus maîtresse de son avenir ?

 

. Elle ne l'a jamais contrôlé, en fait. Elle a toujours été à la merci de forces économiques et sociales qu'elle ne comprenait pas, de la météorologie et des hasards de la guerre. Maintenant, les Machines comprennent ces forces. Et personne ne peut les arrêter, car les Machines les gèrent comme elles gèrent la Société. Car elles ont la plus puissante des armes à leur disposition, le contrôle absolu de notre économie.

 

. C'est horrible !

 

. C'est peut-être merveilleux. Pensez que, de tous temps, les guerres étaient inévitables. Maintenant seules les machines sont inévitables. Je l'ai compris dès le début, quand les pauvres robots ne savaient même pas parler, jusqu'à la conclusion d'aujourd'hui, où ils empêchent l'humanité de se détruire. Je n'en verrai pas plus, ma vie est finie. C'est vous qui verrez la suite de l'histoire.

 

Mais il y aussi des pages impressionnantes, écrites en janvier 1950 (publiées dans L'avenir de l'homme), de Pierre Teilhard de Chardin : L'humanité, prise sous sa forme actuelle... ne peut être scientifiquement regardée que comme un organisme n'ayant pas encore dépassé la condition de simple embryon… un vase domaine de l'ultra-humain se découvre en avant de nous… domaine où nous ne saurions ni survivre, ni supervivre, qu'en poussant, et en épousant au maximum, sur Terre, toutes les forces disponibles de vision commune et d'unanimisation.

 

Quant on relit cette littérature de la fin de 1950, on en vient presque à regretter que les Trente Glorieuses aient si bien réussi, et mis au placard les rêves de Teilhard, Wiener, Asimov, des catholiques avancés de Vatican II et… des communistes. Et que les espoirs en une "civilisation des loisirs" aient craqué devant les exigences de la Word Company et les réalités du chômage et du Sida. Mais les rêves de l'après-guerre fleurissaient sur fond de guerre froide,  de goulag, de colonialsme, de famine dans les pays sous-développés... Il fallait sans doute ces trente ans de persévérance pour nous conduire au retournement de 1995, avec les espoirs des "autoroutes de l'information", un peu fous mais pour l'instant confortés par le boom américain, avec une générale de la famine et même du chômage. Il reste hélas quelques marées noires ou quelques tchétchènes pris dans l'horreur d'une guerre totale à laquelle nous ne pouvons que consentir impuissants… pour nous rappeler que nous ne sommes pas au terme béat d'une Histoire qui se serait achevée avec la chute du mur de Berlin.

 

Car la peur est toujours devant nous. Nous avons (à tort peut-être) conjuré celle d'un "1984" à la Orwell revu et corrigé par l'ordinateur. Car, même si Deeper Blue a battu Kasparov, il estr encore loin de concurrencer Einstein. C'est plutôt aujoud'hui la génétique qui nous entraîne aujourd'hui au galop dans une aventure des plus risquée.

 

Ou allons-nous ? Et surtout, que faire ? A ces questions, incontournables sans lâcheté intellectuelle, morale et politique, le post-humanisme, tel que nous l'esquissons ici, tente d'apporter une réponse. Ou au moins une manière plus cohérente et plus courageuse de les poser.

 

 

2. Premier constat  : montée des techniques

 

Les technologies, essentiellement l’informatique et le génie biologique nous ont amené au seuil d’un dépassement radical de l'homme traditionnel. Ce dépassement s’effectue selon les lois qui dépassent la volonté des individus et même des corps économiques et politiques, qu’on les attribue à une  « main invisible » (économistes libéraux), à une « bonne

nature » (new age) ou à une divine providence (croyants des religions classiques).  Le jeu de ces lois, notamment la montée générale en complexité, rend d’ailleurs les humains traditionnels de plus en plus incapables d’intervenir dans ce mouvement de manière compétente et utile.

 

2.1. L'informatique

 

2.1.1. L'ordinateur en tant que tel (Moore)

 

Performance attendue dès les années 60, l'ordinateur a réussi, un peu avant la fin du siècle à battre le champion du monde des Echecs. Certains, comme le roboticien Moravec, prolongent la loi de Moore et en concluent que les robots dépasseront les hommes sous tous rapports d'ici à 2050 (2058 chez Asimov…). 

 

La loi de Moore se vérifie d'année en année depuis trente ans. Et on peut la considérer comme un cas particulier d'une loi générale de progrès, d'accélération de l'histoire humaine et même de l'histoire du monde en général (Chaline/Nottale/Grou, Berger).

 

 

2.1.2. Le système en tant que prothèse individuelle

 

Les personnages du Neuromancer (William Gibson) ont un connecteur derrière les oreilles pour se brancher des add-ons.

 

Pour Ray Kurzweil (industriel), cette fusion aura lieu "within our lifetimes". Elle est particulièrement inquiétante parce que, en quelque sorte, elle nous court-circuite comme "animal raisonnable"  (l'animal étant représenté par le bio, le rationnel par le chip)

 

 

2.1.3. Le système en tant que prothèse colletive (groupware)

2.1.4. L'ensemble des machines comme un corps cohérent

 

Chaque soir, quand les boutiques et les employés de banquent éteignent leurs terminaux, le réseau des grands ordinateurs lance ses travaux, qui vont durer toute la nuit. Le réseau de chaque banque, de l'ensemble des banques, va passer la nuit à travailler, à coopérer pour que le lendemain, à l'ouverture, tout événement ait eu toutes ses conséquences partou. Immense travail des mainframes, aujourd'hui tellement masqué par la présence familière des micro-ordinateurs que nous oublions son existence. Sauf, peut-être, quand il faut passer l'an 2000.

 

2.2. La biologie

 

Ses progrès sont particulièrement rapides en cette fin de siècle et des resssources considérables sont consacrées au déchiffrement du génôme humain et aux biotechnologies en général, dont les perspectives économiques, sociales et humaines sont considérables :

 

- production alimentaire

- médecine

 

Citons récement : les souris plus intelligentes

 

N'oublions pas la chirurgie, curative ou prothétique (y compris esthétique). Il doit y avoir aussi une lo de Moore en chirurgie : l'allègement des interventions à effet égal, la réduction du volume des prothèses à fonctionnalités égales.

 

Pensons aussi à la réduction de la phase non-externalisable de la grossesse

 

 

2.3. L'ingénierie psychologique et sociale

 

On peut agir sur son propre psychisme par la psychologie: méthodes Coué, Vittoz, le yoga, la méditation transcendante, etc. , par la médecine psycho-somatique, par les pratiques religieuses.

 

2.3.1. Le sport

Le jeu des records, de la compétition

L'entraînement dès le plus jeune âge, le dopage, le conditionnement psychologique

La pression sociale.

Pour le sport, on accepte de grands risuqes, dans certains sports au moins. Risques toujours en partie combattus, contrôlés (circuits automobiles, canots de sauvetage)

 

2.3.3. L'art

 

Le virtuose, une sorte  de sportif

La culture, et son enferment précoce à 'l'école

Stelarc, art de la performance, provocation clownesque : "Le travail de Stelarc est un défi, car il utilise son corps au même titre que les outils techniques les plus audacieux. En utilisant corps comme simple partie d'une machine, il réussit à dépersonnaliser les actes eux-mêmes et à créer une métaphore de la condition humaine et de la montée de l'humanité vers l'ère post-humaine".

 

Science fiction littéraire et cinématographique

Piercing

La poésie (Stout)

 

2.3.4. Les structures politiques

 

Le perfectionnement de la société change l'homme. Plutôt dans le bon sens, avec la find e l'histoire (Hegel, Marx, Fukuyama).

Les environnements privilégiés : grands lycées parisiens, monastères

La démographie augmente, le niveau de vie global aussi. Cela change de plus en plus profondément notre biotope. Même si l'on n'admet plus un déterminisme géo-social à la Taine, il y a forcément des conséquences.

 

2.3.5. Le culturel et le génétique

 

2.4. La convergence des technologies

 

En fait, informatique, biologie et ingénierie sociale sont de moins en moins des technologies différentes. Dans les trois cas, il s'agit de manipuler des codes. C'est cela, la signification profonde du "monde digital".

 

Le "réseau", un polysème significatif

 

2.5. L'homme exclus, marginalisé ?

 

Cas où la machine est considérée comme préférable :

- Eliza.

- Enseignants. Gromov

- Pïlotages

 

 

3. Deuxième constat : insuffisance des systèmes traditionnels de valeurs

 

3.1. Les religions, le New-Age

 

Le christianisme est en déclin, en tous cas dans les sociétés développées. Le catholicisme, après un immense effort pour renouveler son discours dans les annes 50-60, s'est refermé et a en pratique interdit la pensée (serment antimoderniste notamment de Jean-Paul II).

Ni l'Islam, ni les religions orientales ne semblent en mesure de contribuer à ce type de mouvement.

 

Cependant le christianisme peut se considérer comme porteur d'un post-humanisme. Déjà le messianisme biblique annonçait la venue d'un Sauveur, un homme supérieur donc. Le Nouveau Testament relance cet appel. Ecoutons par exemple Saint Paul :

 

Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements, et vous avez revêtu le nouveau, celui qui s'achemine vers la vraie connaissance en se renouvelant à l'image de son Créateur. Là, il n'est plus question de Grec ou de Juif, de circoncision ou d'incirconcision, de Barbare, de Scythe, d'esclave, d'homme libre ; il n'y a que le Christ, qui est tout et en tout. (Epître aux Colossiens 39).

 

Ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi. Saint Paul

 

Dans pratiquement toutes les religions, la croyance à une vie après la mort est l'espérance, pour tous ceux qui parviennent à un degré suffisant de perfection, d'un état de vie supérieur. Chaque religion le décrit de façon différente. L'assortit d'ailleurs de menaces (enfer, réincarnations dans des êtres inférieurs, etc.)

 

3.2. Le rationalisme/technicisme

Les distinctions traditionnelles nous lâchent : données/valeur, génétique/culturel, qualititatif/quantitatif, machine/biologique

 

Les "Lumières" ont échoué, le rêve est mort à Auschwitz et dans les Goulags.

 

3.3. Le traditionalisme

Il n'apporte pas de bases intéressantes pour fonder l'avenir (Guillebaud)

3.4. Le libéralisme économique

Cet engagement résolu en faveur du marché se paye d'un abandon non moins absolu dans les mains de la "main invisible".

3.5. Les idéologiques politiques fortes : communisme, national-socialisme

Elles ont certes prêché pour le surhomme, et gardent maints adeptes.

 

3.6. L'humanisme anthropologique et existentialisme

 

La référence, c'est ici Nietzsche. Je vous annonce le surhomme. L'homme est quelque chose qui doit être dépassé. Qu'avez-vous fait pour le dépasser ? …  Vous avez fait le chemin du ver à l'homme, et il reste encore beaucoup de ver en vous. Vous avez été des singes, et maintenant aencore l'homme est plus singe que les singes.

 

Le surhomme est le sens de la Terre. Ayez la volonté de dire "Que le surhomme soit le sens de la Terre". Je vous en conjure, mes frères, soyez fidèles à la Terre et ne croyez pas ceux qui vous font miroiter des espoirs supra-terrestres… Dieu eist mort. Friedrich Nietzsche : Ainsi parla Zartathoustra.

 

On sait hélas où cette philosophie allemande, relayée par Heidegger, ou inspirée de Hegel, nous a conduit. Si les grandes apostrophes de Zarathoustra nous émeuvent encore, si elles peuvent encore nous libérer de certaines naïvetés, de certaines timidités, ne peuvent être vraiment un guide.

 

En fait, la réflexion sur l'homme lui même, le narcissisme d'une anthropologie où l'homme se regarde indéfiniment dans un miroir individuel ou social, dans son histoire ou sa généalogie,  pour trouver le sens de son existence, pour "devenir ce qu'il est" ou pour que "là où est le ça, Je dois advenir"… ne conduit pas loin. Qu'est-ce que l'homme ? Finalement nous n'en savons rien. Comme le dit Edgar Morin dans le titre d'un de ses livres, la nature humaine est un "paradigme perdu".

 

Où sont les limites avec l'animal (chimpanzés qui parlent)

Où sont les limites avec la machine (Türing)

Où à commencé l'homme ? (polygénisme contre monogénisme, évolution par petits pas contre créationnisme).

Ou commence et finit le corps, avec toutes les prothèses.

Y a-t-il même distinction entre matière et esprit (Papperell).

 

3.7. Conclusion : toute la"philosophie" est à refaire

 

Ou bien nous nous cantonnons dans les vieux schémas, quitte à leur donner un coup de plumeau superficiel, et alors nous abandonnons tout de suite notre rôle d'homme.

 

Ou bien nous nous estimons trop jeunes pour prendre notre retraite, et nous continuons courageusement à penser. En fait, c'est indispensable tant que les machines ne savent pas le faire toute seules.

 

Une bonne éthique, une bonne stratégie, de bonnes tactiques post-humanistes devraient permettre de regarder tout cela en face, positivement, sans illusions, de manière constructive,  calculé dans une certaine mesure, mais joyeuse et prudente à la fois.

 

4. Le post-humanisme, une stratégie à définir

 

Pour le mouvement post-humanisme, cet avènement est globalement bon. L’ensemble des technologies nouvelles se traduit dans le monde par un accroissement de la population, de sa durée de vie, de sa santé,  de son niveau de vie, de ses libertés, par une explosion constamment renouvelée de créations techniques et artistiques et de formes de vie sociale toujours plus intéressantes.

 

Il est raisonnable d’espérer que les êtres qui nous succéderont seront meilleurs que nous non seulement du point de vue intellectuel mais du point de vue émotif, individuellement et collectivement. Les humains actuels, chacun à la mesure de leurs capacités, devons prendre une part active à la préparation de cette humanité nouvelle. On peut comparer cette attitude à celle de parents qui savent qu’un jour ils céderont la place à leurs enfants, et font tout, parfois jusqu’au sacrifice personnel, pour rendre le meilleur le sort de leurs descendants et plus généralement de l’humanité future.

 

4.1. Les stratégies simplistes, disqualifiées

 

4.1.1. Le refus, la crispation

 

Attitudes négatives face au progrès technique (Ellul, Illich, Virilio)

Maruani : démocratie de la solitude

Attitudes négatives des auteurs de SF (Orwell), l'apprenti sorcier, Frankenstein, Metropolis

En général, ce n'est pas la machine qui est mauvaise, mais un homme mauvais (Orwell, Metropolis, Un bonheur insoutenable)   

 

Attitude destructive (Canus, Luddites, Kaczinyki (Unabomber))

Les mises en garde de la religion, de Platon.

 

 

C'est un risque aussi

C'est inadmissible pour les handicapés en tous genres

Peut-on l'admettre pour les tribus

 

L'humanisme conservateur : préserver l'homme tel qu'il est (survivre à la science)

humanisme passéisme ou traditionalisme: restaurer l'homme parfait, ou meilleur, tel qu'il était (avant la chute d'Eden, avant la révolution industrielle, avant la Renaissance-Descartes-Les lUmières)

 

4.1.2. La promotion sans complexes

Sans commentaires

 

4.1.3. Les capitulations

 

La capitulation face à la main invisible. "On n'y peut rien. Ce sont les lois du marché".

 

La capitulation face à l'autorité (roi, pape, père et/ou mère, dictateur)

La capitulation devant la complexité : "Le post-humain abandonne toute recherche sur la nature ultime de l'univers et ses origines" (Papperell)

 

 

 

 

4.2. La confiance a priori.

 

4.2.1. Les leçons positives de l'histoire

 

Historiquement, trois phases

. la nature commande

. dans la nature il y a des dieux que l'on peut plus ou moins apprivoiser/commander/satisfaire (King Kong)

. Dieu commande  (mais il a des représentants sur terre, il a parlé par des livres)

. L'homme commande. Les empires. Avec l'aide de Dieu. Gott mit Unis. Dieu et mon droit, etc. Romains, incas, chinois, anglias, allemands...

. le processus commande : marché, démocratie

 

 

4.2.2. L'appel incontournable des handicapés, du tiers et du quart monde

 

En partant des plus faibles : malades, handicapés, phases terminales. Plus le handicap est lourd, les chances de décès élevé (Sida), plus cela justifie des interventions risques, des « remèdes de cheval ». Ici, l’interventionnisme, le post-humanisme est anti-darwinien. Y compris contre les inégalités naturelles : des mâles veulent être enceints.

 

En partant des plus forts : sport, exploration interplanétaire, hier le cirque, le Sumo. Justifie effort personnel, sacrifice. Ici, sur-darwinien.

 

Si le misérable nous interroge, s'il nous pose des questions et nous oblige à nous en poser, ce n'est pas parce qu'il nous   demande de ralentir notre marche, mais qu'au contraire il nous contraint d'aller plus vite et plus loin, de voir infiniment plus grand et d'être plus ambitieux que nous ne le sommes. Il nous entraîne dans un véritable vertige de remise en cause de l'humanité. Joseph Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde. La violence faite aux pauvres. Igloos, 1968.

 

Les provocations de Sloterdijk, les espoirs de Moravec, Myrhwold.

Partie finale de Fustec.

 

 

 

4.2.3. Le renoncement

 

Le renoncement

. au profit des générations futures Fournier

. au profit du processus (main invisible, Providence).

 

Attention : renoncement n'est pas démission. A quel âge les parents doivent-ils passer la main aux enfants ? Pas trop tard, pas trop tôt non plus !

 

4.3. L'engagement créatif

 

4.3.1. Construire la science

4.3.2. Construire la philosophie

4.3.3. Construire l'humain dans le post-humain

 

 

4.4. L'étude critique des différents scénarios

 

Note générale: difficulté à imaginer des scénarios positifs.

 

Faiblesse par exemple de StarWars

 

 

4.4.1. Des mutants (biologiques)

 

Individuels

Scénario Frankenstein. Il n'est pas d'ailelurs par méchant. Mais incapacité à trouver la sympbiose, en bonne partie par la faute de l'homme.

Rappels : Le matin des magiciens (Bergier/Pauwels, Planète, Vol 707B pour Sydner de Tintin)

ce que serait un vrai saut quantique, au delà d’un generation gap

ils cherchent à prendre le pouvoir, au moins à exercer leurs responsabilités

de manière cachée

de manière discrète (éminences grises)

Cas particulier d'humains transformés : Eggheads, Fustec

 

Race

Les envahisseurs

Jurassic Park

Un nouveau Cro-Magnon dont nous serions le Néanderthal

 

Clonage

Le livre de Truong

 

4.4.2. Les robots

 

Individuels

Scénario 2001 : un robot prend le pouvoir. Les hommes le tuent.

Scénario Moravec, ils partent dans l'espace

Scénario Asimov  "Evidence"

Prothèse prolongée d'Ecken (pas vraiment post-humaniste)

Ils tentent de nous envahir par la ruse. Par la force directe. Par la concurrence (Cro-Magnon contre Néanderthal).

 

Les virus. Il y a beaucoup de machines peu surveillées. Ce sont comme des trerrains vagues qui intéressent les pilotes [Ludwig]. Mais qui pvuetn devenir propices aux virus comme aux plantes folles. Le jour où ils deviendront génétiques. Déjà, si on veut, c'est un peu génétique (le virus est le mâle, le programme inoculé la femelle..)

 

Scénario Forge à la Fournier. Du fait de la pollution.

 

4.4.3. Une évolution progressive

 

Modification progressive biologique et culturelle, pas plus que le "generation gap" normal

prise de contrôle gentille style Asimov

Tous les humains peuvent plus ou moins y prendre part, par le progrès des greffes, clonages, prothèses de plus en plus robotisées, des drogues bien maîtrisées

 

4.4.4. Un être biologique global

Le nuage noir de Hoyle. Les fourmis.

L'intelligence dans le réseau. La montée collective des automates.

 

4.4.5. Une machine globale

Asimov

Banks (Excession)

 

 

 

 

4.4.6. Le scénario positif : une synthèse

 

Le retournement de 1995

 

- une montée collective mais respectant l'individu

- une montée de la machine mais intégrant tous les aspects positifs du biologique/génétique

 

4.5. La formulation des valeurs essentielles

 

Il aurait été plus satisfaisant de parler de cela plus tôt. Mais nous ne pouvons pas les définir, ou pas suffisament, a priori. Il y aura un feed-back de la réalisation sur le système de valeurs lui-même.

 

Historiquement, les valeurs peuvent se répartir entre

- animal modèle : force du lion, énergie du taureau, ruse du renard ou du serpent. Très nombreuses comparaisons dans la Bible en particulier, mais dans toutes les mythçoloqies privimives; Voir encore Kipling.

- machine modèle . Bacon. Machina quae bis Sex.

 

Ou alors directemnt surhomme, ou Dieu.

- héros

- nos pères

- nos enfants qui auront été mieux élevés

- le messie.

 

 

Pour moi, les valeurs-clés sont celles de la démocratie : liberté, égalité, fraternité.

 

L'égalité est la plus provocatrise. 

répartition/inégalitaire…. Despotisme

 

Conséquence de la loi de Metcalfe (a fortiori, la loi étendue). Plus protection contre crises sociales. Il est avantageux d'avoir beaucoup d'interlocuteurs de haut niveau.. Intégrer et inverser Rawls à la  fois. L'égalité est bonne ant qu'elle ne pénalise pas le plus pauvre… l'inégalité est un mal en soi.

 

 

Pourquoi nous passons la mains aux machines:

- par paresse le type de Watts

- parce qu'elle est moins chère

- nécessité des aides du fait de la montée de complexité

- parce qu'elle ne s'ennuie pas

- par plaisir  Pygmalion, Turckle

- parce qu'elle est plus performante, fiable. Pilote automatique, robot chirurgien

- l'enseignant (Gromov)

- parce qu'on ne veut pas se confier à l'homme : Eliza

 

La pyramide de Maslow.

 

4.6. La construction méthodique des stratégies

 

Un peu comme une guerre, car il y a menace. Mais en même temps une construction positive.

 

4.6.1. Calcul et ingénierie

On serait tenté de parler d'ingénierie. Mais le mot est trop réducteur, de même que celui d'anthropotechnique, employé par Sloterdijk.

 

Certes un certain nombre de points relèvent du calcul. Par exemple une régulation de la vitesse de certaines évolutions (exemple : moratoire sur certains types de recherches et d'exprimentations). C'est un jeu subtil, dans le temps, entre les facteurs que nous contrôlons et les évolutions qui nous dépssent. Un peu comme la navigation sur une route sinueuse, à la différence que la route ne préexiste pas à notre voyage. Le territoire se construit en même temps que la carte.

 

Evoque aussi l'ingénierie le fait de confiner certaines expériences à des environnements rigoureusement fermés : enceintes chimiques ou génétiques, monastères, groupes sociaux confinés à titre expérimental (laboratoire dans le désert de l'Arizona, qui d'ailleurs a été un échec, je crois).  En étant conscient que le risque n'est jamais nul (Jurassic Park).

 

Il s'agit surtout de pousser aussi loin que possible les processus décisionnels, individuels et collectifs.

 

Les recherches de Valenciennes.

 

4.6.2. La construction des protections

 

A la fois certain et positif, cet avènement ne va pas pour autant sans dangers, et il appartient aux humains actuels de les prévenir ou, si l’on veut parler plus positivement, de faire tout leur possible pour que la transition se fasse dans les meilleurs conditions possibles et pour s’opposer aux multiples dérives qui peuvent conduire à la catastrophe.

 

Les appels à la vigilance viennent surtout des opposants

Le débat allemand autour de Sloterdijk (Grass, Habermas, Walser)

 

Construire les protections susceptibles d'interdire les scénarios léthaux, et de maintenir les scénarios positifs dans les limites des risques raisonnables.

 

Mais c'est difficile, impossible peut-être.

Jurassic Park : faiblesse, complicités humaines

Les trois lois d'Asimov

 

 

4.6.3. Adapter aux découvertes

 

Les stratégies devront être élaborées, et adaptées au fil des ans, en fonction de l'évolution du degré de probabilité des différents scénarios. Plus l'on aura repoussé les scénarios négatifs, plus l'on pourra se consacrer aux scénarios positifs.

 

4.6. Disponibilité, humilité, émerveillement 

 

Le post-humaniste peut faire figure de démission. Il exprime en tous cs une certaine humilité à l'égard d'un processus nous dépasse, individuellement et collecivement. Il faudra passser le pouvoir à des post-humains ou au moins confier de plus en plus de pouvoir à des processus non proprement humains, dépassant en tous cas de plus l'individiaulité humaine (une conséquence logique, entre autres, d'une humainté plus nombreuse. L'écart se creuse nécessairement entre l'individu et l'humanité.

 

La "globalisation" si fortement perçue aujourd'hui traduit en partie cela.

 

Acceptation des imperfections, sinon des injustices, de tout "système"

 

 

4.6.1. Nous, humains, sommes mortels.

 

Ou alors nous devenons des post-humains.

 

4.6.2. Un devoir comme un plaisir

 

Si nous restons des humains, ce sont nos enfants génétiques, mais aussi nos enfants culturels, nos créations, qui prendront peu à peu le contrôle. A nous de savoir quand nous devons passer la main. Aux uns comme aux autres.  

 

 

Finalement, la loi du post-humanisme peut se formuler de façon simple : nous devons passer la main au post-humain, sous toutes ses formes, quand et seulement quand il est meilleur que l'humain. Toute la difficulté tient dans un mot : meilleur.

 

Il y a une sorte de course à l'échalote, car l'humanité va progresser (si on est optimiste) avec la montée des machines. Donc plus cela ira, plus les exigences seront fortes sur le transfert. En fait, c'est complexe, car il y une montée ensemble. Un scénario agréable est bien sûr cela de la convergence suffisamment lente et douce !

 

Bibliographie et références

 

ABED Mourad: Contribution à la modélisation de la tâche par les outils de spécification exploitant les mouvements oculaires. Thèse de spécialité, Valenciennes, 1990.
ASIMOV Isaac : I, Robot. Signet Books 1950.

BERGER Pierre : "Donner congé à l'homme". Informatique et Gestion, mai 1979

BERGER Pierre : L'informatique libère l'humain. A paraître. L'Harmattan.

LA BIBLE. Passages du Nouveau Testament notamme, sur l'homme nouveau.

CHALINE Jean, NOTTALE Laurent et GROU Pierre. Equationd de l'évolution (titre à préciser). Compte-rendu par KINERAline : L'étrange attraction du déterminisme. Science et avenir, 10/1999 et DUFOR Jean-Paul, Le Monde du 3/9/1999.

CHARBONNEAU Bernard : Le système et le chaos. Anthropos 1973.

CHARRE Alain : Cités ou mégalopole. Cahier n°1. Sur le web : www.institut-art-et-ville.asso.fr/cahier1charre.html

ECKEN Claude: L'univers en pièce. Chroniques télématiques 1. Fleuve noir 1987.
ELLUL Jacques: Le système technicien. Calmann-Lévy, 1977.

GIBSON William: Neuromancer. Penguin 1984.

GROMOV Mikhael. Interview par Rémi Langevin, prof à Dijon, à paraître dans un livre sur les maths durant 1950-1999, à paraître en mars 2000.

GUILLEBAUD Jean-Claude : La refondation du monde. Seuil 1999.

HOUELLEBECQ Michel: Extension du domaine de la lutte. J'ai lu 1994.

KAHN Annie: Qui peut encore contrer les monopoles. Dossier. Le Monde Economie. 12/10/1999

LORELLE Véronique : "L'arrogance de Monsanto a mis à mal son rège de nourrir la planète". Le Monde 8/10/199

LUDWIG Mark: Du virus à l'antivirus. Guide d'analyse. Dunod 1997 (traduit de l'Américain) MORAVEC Hans: Mind children, Harvard University Press, 1988.  Une vie après la vie. Editions Odile Jacob 1992. (traduction française de Mind children).
MORAVEC Hans : Robot. Mere machine to transcendent mind. Oxford University Press, 1999. Plus le papier de philo qu'il m'avait passé.
MORIN Edgar: Le paradigme perdu, la nature humaine. Seuil, 1973.

PEPPERELL Robert : The Post Human condition. Intellect Books 1997.

RAWLS John: Théorie de la justice. Seuil 1987. Original: A Theory of Justice, Belknap Press (Harvard University Press) 1971.

SALOMON Jean-Jacques :  Survivre à la science. Albin Michel 1999

SHAW Bernard : Pygmalion. Version française, Aubier Montaigne, 1967.

SHELLEY Mary: Frankenstein. 1918. Edition de poche Airmont 1963.

SKINNER B.F. : Walden Two. MacMillan, 1948.

SLOTERDIJK Peter : Règles pour le parc humain. Réponse à la lettre sur l'humanisme. Le Monde des débats, octobre 1999. Paru dans Zeit. Réponses dans Zeit du 7/10/99

DER SPIEGEL : Gen-Project übermensch.  N. 39/1999, 27/9

STEINERT-TRELKELD  Tom : The post-human century awaits. Interactive week, 11 janvier 1999.

STELARC. Interview par Zurbrugg, in 21C, n.2, 1995. Et : Stelarc... post human guru. . Article paru dans « Sadness in the sky magazine », n.2, mars 1997.

STERLING Bruce : Holy Fire. 1996.

STOUT : Falling shrouds, in  A cherub in black. Stout (??), 2/6/1998.

TEILHARD DE CHARDIN Pierre : L'avenir de l'homme. Seuil 1959.

TRANSVERSALES :  "Le défi de la Post-Humanité". Revue Transversales, édition de janvier-février 2000.

TURCKLE Sherry: Les enfants de l'ordinateur. Denoel (vers 1986). Titre anglais: The second self.
VERCORS : Les animaux dénaturés. Le livre de poche 1956.

VERNET Daniel : "L'affaire Sloterdijk : une polémique allemande sur l' "homme nouveau". Le Monde, 29 septembre 1999

DE WECK Roger :  Der Kulturkampf. Günter Grass, Jürgen Habermas - und ihre Widersacher. Die Zeit, 7/10/1999

ZIPIN Lew :Post-humanisme, the problem or theorising "cohesions" of power, and the false solution of "discursive coherence". Australian Association for Research in Education. Novembre-décembre 1998. (http://www.swin.edu.au/aare/98pap/zip98209.html)